« Au final tout est question d’équilibre, on arrive aux cymes de l’abstraction par des chemins bien connus. Ce chemin, quel est-il ? La tradition sans aucun doute, ce qui nous précède. Bien sûr que l’on sent parfois cette poussée vers l’abstraction la plus totale, vers un monde non référencé, nouveau, idéal. Mais soyons réalistes, on ne peut pas rester en l’air bien longtemps, là haut l’air nous manque.
Alors tout simplement repartir de choses simples, d’un rythme naïf et construire la musique à partir de cela, laisser une dissonance en suspension, construire sur cette dissonance, l’accueillir. Ça y est, elle fait partie de nous maintenant, on peut aller plus loin. Tout d’un coup à force de se laisser envahir par ces sons étrangers, on monte… De quoi s’agit il ? D’une rêverie tout simplement, d’une partie d’échecs qui a dégénérée. On commence par jouer les coups de l’ouverture, presque automatiquement, puis rapidement on se retrouve face à l’inconnu et il faut continuer à monter, monter, monter. Puis quand on ne peut plus monter, on essaie de ne pas redescendre trop vite, de profiter du panorama de notre nouvelle position. C’est là-haut que tout se joue. Alors faire de la musique ça serait ça, monter vers les sommets inconnus et en rapporter un souvenir qu’on essayera tant bien que mal de garder avec nous, comme une amulette, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse comme nos rêves avec l’arrivée du jour. »